Werner Reinisch

Une vie, une œuvre
Peinture, gravure, dessin

Werner Reinisch est né à Yokes en 1930, dans un village de Bohême, actuelle Tchéquie ; comme tous les Sudètes de nationalité allemande, sa famille est expulsée vers l’Allemagne de l’Est puis de l’Ouest où elle s’installe en 1946. L’artiste étudie à l’Académie des Beaux-Arts de Karlsruhe ; attiré par le rayonnement artistique de la France, il s’installe à Paris en 1961, puis à Tauriers, tout près de Largentière où il choisit de vivre.

La découverte des peintures de Eric Heckel, l’un des fondateurs du groupe Die Brücke (Le Pont) fascinera de manière durable le jeune artiste qui commence à peindre. Liberté du geste et de la couleur, sa palette rejoint le mouvement des avant-gardes européennes qui traversent le continent : expressionnisme, mouvement CoBrA avec Asger Jorn, Der Blaue Reiter (Le Cavalier bleu) en particulier, sans oublier le style baroque de Bohême.

L’artiste trace sa voie, se donne une grande liberté, un monde très personnel anime une mythologie rêveuse, peuplée d’êtres étranges : chevaux, oiseaux, bestiaire coloré, villages et maisons, églises… figures humaines imbriquées dans le trait du dessin ; Werner Reinisch creuse un espace des profondeurs, un espace infini. Toujours recommencé.

Entre abstraction et figuration, la présence spirituelle est toujours là, sensibe, pleine de lyrisme et de lumière.

Ce lyrisme inquiet ou tragique des dernières toiles poursuit cette quête de l’absolu : pureté originelle, dialogue croisé avec l’homme et la nature, vision circulaire de l’univers habité par l’esprit souverain.

Dans les dernières œuvres présentées dans cette exposition, le voile noir de la toile s’ouvre sur un espace-monde, inconnu et invisible. La Muse anime l’élan du dessin, parcourt les chemins de détours. La couleur devient lumière, présence révélée. Univers du Vivant. « Je suis plein de couleurs » nous disait encore l’artiste, ce mois d’avril 2020.